Bruitage

Le son pendant un tournage

Deux familles de bruit

Bruits de tournage

Sound-design

C’est quoi le Bruitage ?

Comme son nom l’indique, c’est faire des bruits.

Oui, mais encore ?

C’est un univers très spécifique au cinéma, un métier qui se distingue dans sa créativité. Le bruitage, c’est créer les bruits de tout ce que l’on voit à l’image en dehors des dialogues qui eux sont enregistrés par les preneurs de sons le jour du tournage. Les pas, les claquements de porte, les voitures, les coups de feu, tous ces sons qui semblent être captés au même moment que les voix sont en réalité refabriqués en studio. Le cinéma, ce n’est que de la triche.

À quoi ça sert ?

Le but est d’abord de donner de la crédibilité aux images, par exemple si un comédien sort d’une pièce en claquant la porte, on ajoutera un bruit de porte qui claque.

Le bruitage sert aussi à donner du poids au comédien et de la physique aux objets, par exemple si un personnage en chaussure à talons marche dans la rue, on ajoutera le bruit que font des chaussures à talons sur un sol d’asphalte. Cela peut paraître absurde, mais ne pas le faire rendrait les scènes moins immersives, moins réalistes.

1. Le son pendant un tournage :

Il est difficile le jour du tournage de capter avec clarté et précision les bruits et les dialogues en même temps. Alors durant les prises, les Perchistes captent uniquement les voix puis en post-production le mixeur ajoute les bruits autours des dialogues. Cela permet de conserver la clarté des voix et surtout de contrôler les volumes et les effets des bruits. On a donc plus de souplesse sur ce que l’on veut laisser entendre ou non aux spectateurs.

Prenons un exemple :

Scène 1, intérieur, jour, dans un grand hall, une femme en talons monte des escaliers en tenant une conversation téléphonique.

On a donc deux sons essentiels à la scène : la piste de dialogue captée le jour du tournage et le bruit des talons sur le sol de l’escalier.

Pour quelle raison avons-nous besoin d’entendre le bruit des pas du personnage ? C’est exactement ça le rôle du bruiteur, donner de la physique et du poids aux éléments d’une scène. Ne pas le faire donnerait aux spectateurs une sensation de vide sans pour autant qu’ils puissent expliquer pourquoi.

Grâce à cela, on contrôle les volumes, et dans le cas d’un grand hall les réverbérations, voir construire les ambiances.

Prenons un autre exemple :

Scène 2, intérieur, nuit, une fête dans un appartement, vingt figurants dansent, la musique est forte. Plan large sur le personnage principal au milieu de la foule, il sort de sa poche un briquet et allume une cigarette.

On a donc deux pistes de son essentiel à la scène : le bruit du briquet et la musique.

Avez-vous déjà réussi à entendre le bruit d’un briquet dans une fête avec de la musique forte ? Non, pourtant c’est bien ce que l’on souhaite faire et la seule manière de réaliser cela est de tourner la scène micro éteint puis d’ajouter la musique et le bruit du briquet en post-production.

Grâce à cela, on a alors la main sur le volume des deux sons, on peut alors mettre le bruit du briquet au premier plan sonore et la musique au deuxième plan.

2. Deux familles de bruit :

On peut distinguer deux grandes familles de bruits. Les sons reproduits, c’est-à-dire ceux que l’on peut reproduire avec le même objet que celui de la scène, et les sons imités, c’est-à-dire ceux que l’on fabrique avec un autre objet que celui de la scène.

Les sons reproduits :

Le claquement d’une porte ou le bruit de chaussures à talons, une vitre qui se brise ou le bruit d’un stylo sur une feuille de papier. Ces bruits sont faciles à reproduire, car il n’est pas difficile de manipuler une paire de chaussure ou un stylo dans un studio d’enregistrement. Il suffit de refaire le mouvement des objets dans leur contexte en les enregistrant et le tour est joué.

Les sons imités :

Le dérapage d’une voiture, un cheval au galop, le bruit du vent ou celui d’un oiseau qui s’envole semblent déjà plus difficile à réaliser. Pas évident d’enregistrer le galop d’un vrai cheval dans un studio. Pour ce faire, on fabrique les bruits avec des objets usuels pour imiter le son réel. Il faut parfois empiler plusieurs sons pour retrouver celui qui correspond le mieux.

Prenons un nouvel exemple :

Scène 3, extérieur, jour, plan large et fixe, dans un jardin public, au centre de l’image un personnage assis sur un banc nourrit des oiseaux, au premier plan entre dans le champ un cycliste sur son vélo, de la droite vers la gauche, à son passage les oiseaux s’envolent.

On a donc deux pistes de sons essentiels à la scène, le bruit du vélo sur les graviers et les oiseaux qui s’envolent. On peut alors les fabriquer en studio. Le bruit du vélo pourra être reproduit avec un vrai vélo sur de vrais graviers. Les battements d’ailes des oiseaux qui s’envolent eux pourront être imités par exemple à l’aide de tissus manipulés.

3. Conserver les bruits du tournage :

Quand on sait tout ça, on peut se poser la question suivante : pourquoi s’embêter à refaire les bruits alors qu’on peut tous les avoir en même temps le jour du tournage ? On peut parfois conserver les bruitages captés au tournage, soit parce que la scène ne comporte pas de dialogues et que les bruitages sont simples et correctement enregistrés, soit par choix artistique ou en fonction du contexte du film. On peut être amené aussi à capter les bruits ambiants le jour du tournage, rue passante, jardin public, etc.

On peut noter aussi que les documentaires ou les reportages ne justifient pas tous l’utilité de bruiter en post-production le son des chaussures d’un protagoniste, la captation du tournage est bien souvent suffisante pour que l’on comprenne ce que l’on entend.

4. Le Sound-design :

On considère que le Sound-design est un métier différent de celui de bruiteur, bien qu’il en soit très proche. On pourrait caricaturer en disant que le Sound-designer invente des sons et le Bruiteur reproduit des sons. Mais la meilleure manière d’expliquer la différence est de donner un exemple.

Dans Star Wars, le bruit des sabres laser a été pensé et inventé, car avant ce film personne n’avait entendu le son d’un sabre laser. C’est ça le travail d’un Sound-designer, trouver, sculpter et inventer un nouveau son qui n’existait pas avant.

Pour finir :

Quand on regarde un film, oublier les dialogues et les musiques pour écouter tous les autres bruits est un bon exercice pour comprendre comment les bruiteurs ont fait pour reproduire ou imiter les sons.

Valentin LAVOILLOTTE

Fondateur du studio