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Préparer la Post-production

Cet article traite de la gestion et de la préparation des médias d’un film, du tournage jusqu’à la table du monteur son et ne prétend pas délivrer des règles universelles, mais plutôt des recommandations spécifiques au studio OZEP.

Pendant le tournage

Dénomination

Pendant le montage

Mire de synchro

Exporter sa session

C’est quoi la post-production ?

C’est tout ce qui se passe après la production d’un film

Oui, mais encore ?

C’est l’étape juste après le tournage, quand toutes les images et les sons sont dans la boite. Le monteur image compose l’histoire et le monteur son traite les pistes de dialogues, construit les bruits et les ambiances, chacun sur des Timelines séparées.

Pourquoi bien préparer sa post-production son ?

Un court métrage d’une dizaine de scènes, peut contenir une cinquantaine de plans, avec une moyenne de cinq prises par plan, cela fait environ 250 fichiers audio enregistrés. Un long métrage peut en compter dix fois plus. C’est pourquoi, il est important de respecter certaines recommandations afin de simplifier la manipulation de tous ces médias. Car après le tournage, le son est un véritable puzzle de fichiers numériques qu’il faut recomposer sur les images. La bonne organisation de tous ces fichiers se fait dès leurs enregistrements et jusqu’à la préparation des sessions de montage.

1. Pendant le tournage

Pendant le tournage, les ingénieurs du son placent des microphones pour capter les voix et les ambiances, mais aussi des bruits spécifiques aux scènes, des sons seuls et tout ce qui peut être utile pour le montage son.

L’équipe son utilise plusieurs sortes de microphones, méthodiquement choisis en fonction de la source à capter :

  • Les perches : Ces micros monophoniques sont placés sur une perche et sont tenus par le perchman hors du cadre. Dans un dialogue entre deux comédiens, la perche est placée au-dessus de leurs têtes, le plus proche possible. Le perchman oriente le micro vers la bouche du comédien qui a la parole et suit ainsi la conversation. Plusieurs perches peuvent être utilisées dans une prise, si les comédiens sont très éloignés les uns des autres par exemple. On les appelle aussi « Boom ».
  • Les micros Lavallière ou micros cravates ou HF : Ces petits micros monophoniques, camouflés dans le cadre, sont utilisés pour capter les voix. Ils se placent dans le col d’une chemise, dans le nœud d’une cravate, dans les cheveux ou dans la barbe des comédiens. Ils donnent beaucoup de proximité aux voix, absorbent moins de réverbération naturelle et sont moins susceptibles d’être pollués par une autre source que celle qu’ils captent. Grâce à leur discrétion, on peut aussi les utiliser pour capter toute sorte d’objet ou d’équipement, des bruitages utiles à la scène. On les appelle aussi « Lav ».
  • Les micros d’ambiances : Ces micros Stéréophonie sont placés le plus souvent en retrait d’une scène, et servent à capter une ambiance, par exemple la réverbération d’une cathédrale pendant un dialogue. Ils peuvent aussi servir à capter une ambiance particulière d’un lieu sans dialogue, par exemple une rue animée, une forêt ou un marché public. Cette captation se fait en stéréo, c’est-à-dire avec un couple de micros placé sur une perche ou plus rarement en quadriphonie avec quatre micros. On les nomme par l’orientation stéréophonique utilisée : « couple ORTF » ou « couple XY ».

Avec ces trois types de captations, l’ensemble des sons utiles d’une scène sont enregistrés. Mais les opérateurs n’utilisent pas systématiquement toutes ces méthodes de captation dans chaque scène, un seul micro sur une perche peut suffire. Le choix de la méthode de captation est décidé en amont du tournage ou bien sur place en fonction du contexte et aussi du style de l’ingénieur du son. Oui, les choix artistiques commencent ici, car tout ce que capte l’équipe du son influence la post-production et détermine le résultat final.

2. Dénomination des fichiers

Le format BWF (Broadcast Wave Format) est utilisé pour enregistrer de l’audio, son extension est le .wav et fonctionne comme un conteneur polyphonique, c’est-à-dire qu’il peut contenir plusieurs pistes et leur intégrer toute sorte de métadonnées (XML), c’est très pratique pour un tournage.

Après avoir placé les micros sur les comédiens et sur les perches, il faut soigneusement nommer les fichiers et les pistes de chaque prise de dialogues sur l’enregistreur.

Des sons supplémentaires pourront être captés. Le silence d’un lieu ou le bruitage d’un objet spécifique à une scène. Ces enregistrements que l’on appelle « son seul » serviront à la construction du son pendant le montage.

Voici une structure de dénomination recommandée pour que la post-production puisse si retrouver :

  • La dénomination du fichier contiendra le nom du film suivi du numéro de scène, puis du numéro de plan et du numéro de prise, en terminant par l’information qu’il s’agit bien d’un fichier polyphonique.

 

🔊 Film_scène_plan_prise_poly.wav
  • La dénomination des pistes intégrées au fichier contiendra le nom du film suivi du numéro de scène, puis du numéro de plan et du numéro de prise en terminant par le micro utilisé (Boom, Lav, ORTF, XY).

 

🔊 Film_scène_plan_prise_micro.wav
  • La dénomination des sons seuls contiendra le nom du film suivi du type de son puis du numéro de scène en terminant par la description simple du son.

 

🔊 Film_type_scène_description.wav

Remarque : Les caractères tiret (-) ou underscore (_) sont utilisés pour séparer les informations. Il faut éviter les caractères spéciaux, tel que les accents, les slashs, les guillemets ou les espaces, et abréger les titres de film ou les descriptions trop longs afin de réduire au maximum le nombre total de caractères.

Prenons un exemple concret :

Film : « Titre du film »

Séquence 1, scène 1, intérieur.

Dans une petite église, deux comédiens face caméra assis sur un banc échangent un dialogue, une cinquantaine de figurants silencieux, sont assis en arrière-plan dans l’assemblée.

En fin de dialogue, dernière les deux comédiens, on aperçoit la porte de l’église s’ouvrir puis se refermer brutalement.

Liste des micros utilisés :

1 perche (Boom) : Hors cadre au-dessous de la tête des comédiens

2 micro-cravate (Lav) : Cachés dans le col de veste de chaque comédien

1 micro d’ambiance couple ORTF : Placé sur une perche, dissimulé dans le cadre au fond de l’église, pour capter la réverbération des voix des comédiens, le silence des figurants et l’ambiance général du lieu (le placement du micro ORTF sur le schéma est uniquement indicatif, sur le terrain ce micro sera placé à l’endroit le plus adéquats).

Dénomination du fichier et des pistes intégrées :

 

▼ 📂 Rushe
    ▼ 📂 Séquence 1
        ▼ 📂 Scène 1
            🔊 Film_01_01_001_poly.wav
                     film_01_01_001_Boom.wav
                     film_01_01_001_LavA.wav
                     film_01_01_001_LavB.wav
                     film_01_01_001_ORTF(L).wav
                     film_01_01_001_ORTF(R).wav

Remarque : Le micro d’ambiance ORTF est un couple stéréo qui utilise deux emplacements dans le fichier polyphonique, pour le micro de gauche nommé ORTF(L) et pour le micro de droite nommé ORTF(R).

Dans un second temps, après le tournage de la scène, hors caméra, des sons supplémentaires sont enregistrés en fichier unique avec le couple de micro ORTF :

– Le bruit (foley) de la porte de l’église est enregistré seul pour une potentielle utilisation dans le montage.

– L’ambiance silencieuse (amb) du lieu, appelé aussi « son seul » est enregistré pour de potentiels raccords d’audio en post-production.

Dénomination des fichiers uniques :

 

▼ 📂 Rushe
    ▼ 📂 Séquence 1
        ▼ 📂 Scène 1
            🔊 Film_foley_01_PorteEglise.wav
            🔊 Film_amb_01_Eglise.wav

NOTE : Créer un fichier polyphonique contenant l’ensemble des pistes micro simplifie la gestion des médias. Dans notre exemple, 5 pistes ont été créées pour enregistrer la scène, mais un seul fichier sera manipulé. Il n’est pas toujours nécessaire de créer un fichier polyphonique, pour les sons de bruitage et d’ambiance un fichier .wav unique suffit.

3. Pendant le montage image

Pendant le montage image, l’importation du fichier polyphonique de la prise choisie scinde son contenu en pistes distinctes et synchronisées.

Si l’on reprend notre exemple de scène, en important notre fichier polyphonique, nous retrouvons nos 5 pistes : la perche, les deux micros cravate et notre couple de micro d’ambiance.

Elles se superposent et se synchronisent parfaitement à l’image, grâce aux métadonnées XML de Timecode.

Ces 5 pistes doivent être conservées, même si certaines sonnent moins bien que d’autre, pour le monteur son.

Quand les pistes des directes sont installées sur la Timeline de montage, il est important de préparer aussi les pistes de musique voulue et de les installer rythmiquement sur l’image, idem pour les bruitages ou effet sonore (c’est ici que nous installons notre bruit de porte d’église).

Ainsi, quand le monteur son reçoit le dossier de session, l’essentiel des sons voulus sont déjà installés selon l’intention du réalisateur et économisera des allers-retours de test entre la salle de montage image et son.

NOTE : Installer un bruitage spécifique à un instant T, même si celui-ci est de mauvaise qualité, pourra servir d’exemple et évitera de longs monologues d’explication entre les équipes. Le but est d’indiquer au bruiteur ou au monteur les sons voulus pour que ceux-ci les réinterprètent proprement. Plus il y a d’éléments installés au montage image, plus le monteur son sera efficace.

4. Mire de synchronisation

La dernière étape de montage, avant d’envoyer le dossier de session au monteur son, est l’installation d’une mire de synchronisation en début de film. C’est une image de barres de couleurs d’une durée totale est de 4 secondes. Cette mire contient un signal sonore de type  » bip  » d’une durée de 1 image placé précisément 2 secondes avant la première image du film et accompagné d’un flash visuel à l’exacte position du  » bip « .

Pour un film débutant au Timecode de :

01:00:00:00

la mire sonore et visuel sera placé 2 secondes plus tôt durant une image, c’est-à-dire entre :

00:59:58:0000:59:58:01

La mire sert de référence entre le montage image et le montage son, c’est le point d’accroche de l’audio sur le film et permet d’assurer et de vérifier rapidement la synchronisation.

 

Télécharger sa mire :

NOTE : Il est possible, mais pas obligatoire, d’installer une mire de fin, après la dernière image du film, en suivant le même schéma que la mire de début. Celle-ci permet de vérifier si la synchronisation est respectée jusqu’à la fin, car il peut arriver que le son accélère ou ralentisse suite à une conversion involontaire de la fréquence d’échantillonnage au cours de l’importation du fichier audio sur une session de montage.

5. Exporter sa session au monteur son

Une fois le montage image terminé et que toutes les pistes audio sont prêtes, il faut exporter la session. Pour que le transport de toutes les informations se passe bien, sans perte ni détérioration, il faut fournir un fichier AAF et un fichier vidéo conforme. Mais aussi les fichiers originaux des musiques utilisés et tous les rushes audio du projet, le tout soigneusement rangé dans un dossier. Voici le détail des fichiers à fournir.

– AAF

Le format AAF enregistre les données de montage, comme le nombre de pistes, leur nom, les positions des régions audio sur la Timeline, les Cross-fade, l’automation (volume, panoramique) ou encore la vidéo.

Attention, ce format n’est qu’un fichier de valeurs et ne suffit pas à exporter une session, il faut lui adjoindre le dossier contenant les médias créé automatiquement. Il est possible, dans les options d’exportation, d’intégrer ce dossier dans le fichier AAF.

NOTE : Il est possible d’envoyer la session du film en plusieurs parties. Par exemple, si les séquences 1 à 5 sont déjà montées, alors cette section peut être envoyée pour que le monteur son commence son travail. Il est important d’envoyer une section du film qui se termine à la fin d’une séquence et non au milieu d’une scène.

– VIDÉO

Avant d’exporter la vidéo, il est important d’incruster le défilement du Timecode sur le film, dans la bande noir du bas ou dans le coin supérieur droit pour gêner le moins possible l’image. Le Timecode, imprimer sur le fichier, permet de vérifier que la vitesse de défilement de l’image est identique sur la Timeline du monteur image et du monteur son.

Le fichier vidéo du film est, lui aussi, intégré au fichier AAF, mais faire un export vidéo supplémentaire permet de choisir précisément le format, le codec et la résolution de la vidéo.

Car le monteur son n’a pas besoin de recevoir un film étalonné en Ultra haute définition, alors pour diminuer la taille du fichier à manipuler, un Proxy vidéo est suffisant.

Configuration du Proxy vidéo (Idéal pour le studio OZEP) :

 

🔸 Format : QuickTime
🔸 Codec : DNxHD
🔸 Type : 1080p 36 / 8 bit
🔸 Résolution : 1920 x 1080 HD

Remarque : Pour un film avec une résolution spécifique, la conversion en 1920×1080 HD peut engendrer une déformation importante de l’image. Pour que le film reste suffisamment agréable à regarder, préférer dans ce cas le format QuickTime, le codec DNxHR, le type DNxHR LB et la résolution identique à celle du film.

NOTE : Si le montage image change alors que le montage son est terminé, alors un nouveau fichier vidéo doit être envoyé pour qu’une conformité au son soit faite, c’est-à-dire un recalage de l’audio sur la nouvelle version image.

– RUSHES

Toutes les prises du tournage, y compris celles qui ne sont pas utilisés au montage final, mais aussi les prises ratées, endommagées ou incomplètes, doivent être fournis au monteur son.

Dans le cas où un passage d’un dialogue choisi au montage est raté par les comédiens ou endommagé par les opérateurs son, le monteur son peut choisir une prise alternative dans le dossier des rushes et l’assembler avec celle choisie en donnant l’illusion qu’il ne s’agit que d’une seule.

NOTE : Il est important de classer les rushes par séquence puis par scène pour simplifier la recherche des prises alternatives correspondantes.

– LE DOSSIER

Maintenant que tous les fichiers sont créés, pour faciliter leur envoi, le rangement dans un dossier unique est souhaitable. Voici l’arborescence idéale du dossier à envoyer au monteur son. Télécharger le modèle

▼ 📂 Titre du projet
        ▼📂 Audio
                💾  AAF
                ► 📂 Dossier médias (si séparés)
                ▼📂 Dossier musiques (24 bits/48 kHz)
                        🎶  Titre_1.wav
                        🎶  Titre_2.flac
        ▼ 📂 Vidéo
                🎞️ Proxy vidéo
        ▼ 📂 Rushe
                ▼ 📂 Séquence 1
                        ▼ 📂 Scène 1
                                🔊 Film_01_01_001_poly.wav
                                🔊 Film_foley_01_PorteCathédrale.wav
                                🔊 Film_amb_01_Cathédrale.wav
                        ► 📂 Scène 2
                        ► 📂 Scène 3
                        …
        ▼ 📂 Document
                📄 Scénario
                📄 Autre

NOTE : Le dossier doit être envoyé via un Cloud fiable : SwissTransfert ou WeTransfert. Ils permettent d’échanger des fichiers sans perte d’information pendant la compression et la décompression des données.

Consulter le récapitulatif de cet article en PDF : Format et configurations des médias

Pour finir :

Il est important d’être précis sur la dénomination des fichiers et méthodique sur la gestion des données, cela économise beaucoup de temps et le temps c’est de l’argent. En résumé, moins un monteur son part à la recherche des fichiers perdus plus il se concentre sur son travail premier, la création artistique, et le projet gagne en qualité.

Valentin LAVOILLOTTE

Fondateur du studio

 Rédigé le 31 mars 2025

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